Les manuels d'histoire dans la Russie d'aujourd'hui: entre les vérités plurielles et le nouveau mensonge nationalNous tenons à remercier chaleureusement nos collègues Konstantin Bolenko, Guennadi Bordiougov, Alexandre Tchoubarian et Alexandre Ouchakov pour l'aide précieuse qu'ils nous ont prodiguée en nous communiquant un certain nombre de publications et d'informations qui ont servi à l'écriture de cet article. Il va de soi que ni les opinions exprimées dans cet article, ni les erreurs éventuelles qui ont pu s'y glisser ne sauraient leur être imputées.

Les manuels d’histoire russes mentent-ils comme mentaient leurs ancêtres récents soviétiques?

A la fin des années 1980, l’historiographie de l’U.R.S.S. et l’enseignement de l’histoire entrèrent dans une crise telle que ce dernier connut pratiquement une période de vide1. En mai 1988, les examens en histoire et les programmes obligatoires furent provisoirement supprimés dans les écoles. Après la chute du régime communiste, plusieurs réformes se succédèrent, avec pour résultat une prise en compte plus importante de l’histoire du monde au XXe siècle, traitée en tant que telle, indépendamment de celle de la Russie, et une introduction massive d’histoire régionale ou locale. Mais les principaux changements se situaient bien en-deçà et bien au-delà de toute réforme: la disparition de l’idéologie soviétique, c’est-à-dire d’une vérité unique, autorisée, signifia aussi en histoire le délitement des schémas explicatifs et, plus important encore, des récits historiques enkystés qui formaient la base même du discours historique officiel, de l’enseignement de l’histoire. Par la force des choses, l’alliage imposé entre histoire nationale et marxisme éclata, entraînant dans sa chute les pseudo-lois qui, écrivait-on naguère, avaient présidé à la marche triomphale de la Russie-U.R.S.S. vers le socialisme. Du même coup l’historien, ou l’enseignant de l’histoire se trouvait seul et nu face à une multitude de faits qui relevaient tous de l’individuel, du particulier, du spécifique et ne pouvait plus, libéré qu’il était du carcan habituel, reproduire les schémas généraux.

Les manuels scolaires furent les principales victimes de ces changements, de telle sorte qu’on peut affirmer sans exagération que les nouveaux spécimens ont peu de chose à voir avec ceux de la période précédente2. Après de timides et peu nombreuses tentatives d’écriture de manuels en 1988, puis en 19923, c’est à partir de 1995, surtout, que leur production a repris. La principale nouveauté de ces nouveaux manuels est le “pluralisme”, terme qu’on emploie souvent en Russie pour vanter, ou parfois déplorer, une grande multiplicité de ces ouvrages, dont l’édition traditionnelle et désormais privatisée Prosvechtchenie est loin de détenir le monopole. Dès 1988, le ministre de l’Éducation de l’époque voulut instaurer un système qui combinerait la publication libre de manuels et leur choix ou leur approbation par les différents acteurs du système scolaire4. Aujourd’hui, les manuels sont édités sans restriction ni, pratiquement, contrôle de la part de l’Etat, et leur choix relève principalement de l’enseignant. Celui-ci peut évidemment être influencé par son école ou par des conjonctures locales, mais il ne dépend en rien de son ministère de tutelle, qui se contente, lorsque les éditions lui soumettent leur production, de délivrer le label: “Admis par le ministère…” ou encore: “Recommandé par le ministère…”, ce qui a pour principale conséquence des avantages financiers pour l’édition. C’est ainsi qu’en 1999, il y avait en Russie environ 1152 manuels scolaires de toutes les matières, contre 140 en 19925. Dans le domaine de l’histoire, il y en a aujourd’hui 68, toutes classes confondues, qui ont été autorisés par le ministère de l’Éducation, ce qui est le cas de presque tous les manuels existants. De nombreuses voix se sont élevées et continuent de s’élever, en particulier à la Douma dans ses parties les plus conservatrices et les plus proches du parti communiste, pour limiter ces manuels à un minimum, voire à réintroduire le manuel unique et obligatoire6. Cette attitude relève d’une frilosité évidente devant une liberté d’édition et de choix que d’aucuns jugent excessive, s’agissant de la formation des enfants, particulièrement lorsqu’il s’agit des programmes de 9e et de 11e, qui portent sur le XXe siècle. Réduire la production, la contrôler davantage ou bien au contraire continuer de laisser faire, tel est donc le dilemme auquel doit faire face le gouvernement russe. Quelles que soient ses intentions – et il semble pour le moment qu’elles ne soient ni tranchées, ni favorables à un retour en arrière – les appétits financiers des divers lobbies sont si forts devant l’énorme marché des livres scolaires, qu’il est improbable qu’on s’achemine vers un manuel unique; du reste, un brutal revirement de ce genre serait ressenti comme un retour au passé communiste.

Toutefois, sous l’impulsion du premier ministre Kassianov (à la réunion du gouvernement du 30 août 2001), le ministère de l’Éducation ouvrit le 16 janvier 2002 un concours destiné à sélectionner les trois meilleurs manuels de 9e et de 11e qui seraient publiés aux frais de l’État, sans toutefois que les autres ouvrages soient pour autant interdits. Parmi les critères auxquels devaient répondre ces manuels (le concours devait se clore le 15 mars 2002) on peut relever qu’ils devaient:

– s’appuyer sur les derniers acquis de la science historique moderne;
– présenter l’histoire de la Russie dans le contexte de l’histoire mondiale;

– montrer l’histoire de la Russie comme celle d’un État multinational;

– contribuer à éduquer le patriotisme, le sens civique, la conscience nationale, l’optimisme historique, le respect de l’héritage historique et culturel des peuples de Russie et du monde entier, à former des compétences sociales fondamentales;

– servir de facteur de consolidation de la société de Russie et d’acquisition organique par les élèves des réformes démocratiques de la société;

– partir d’une représentation méthodologique globale de l’histoire nationale (otecestvennaja) par les auteurs et de la présence dans la société de points de vue alternatifs sur le passé historique, refléter le pluralisme dans les interprétations et la présentation des matériaux historiques;

– élever la jeunesse dans un esprit de tolérance et de respect envers les points de vue et les opinions différents, dans une intolérance envers toute forme de racisme, d’exclusivité nationale et d’extrémisme;

– prévoir la possibilité d’inclure dans le minimum d’instruction historique un module réalisant la composante régionale … 7

Par-delà les naïvetés et les obscurités qu’on peut y relever, ce programme reflète des tendances différentes, qu’il pourrait être malaisé de concilier, et parmi lesquelles on reconnaîtra aisément une influence des programmes éducatifs des institutions européennes, des éléments de discours hérités de la perestroïka (notamment l’allusion assez confuse aux points de vue “alternatifs”, qui rappelle les discussions sur les voies alternatives dans l’histoire russe) et un désir évident de promouvoir une éducation patriotique. Mais le plus intéressant est sans doute ailleurs: le manuel d’histoire est ici investi d’une mission de conciliation. Outil par excellence de la concorde sociale et politique, il doit apaiser les conflits, aider la société russe à accepter son passé, donc refléter des opinions différentes sur ce même passé. En quelque sorte, le “pluralisme” des manuels doit leur être interne, ce qui signifie qu’il doit tendre, par une sorte de compromis fusionnel, à un monisme. Comme le formulait assez curieusement dans son introduction l’auteur d’un manuel récent, destiné à la 11e classe, “… L’historien doit éviter des jugements et des explications tranchés et unilatéraux, car il n’y a plus aujourd’hui dans la société de Russie l’unanimité qui y régnait autrefois. Conformément à la constitution en vigueur, il n’y a plus en Russie d’idéologie officielle, on reconnaît la variété idéologique et politique, la multiplicité des partis8.”

L’exigence en partie reflétée par le texte du ministère (car, encore une fois, il est le produit d’éléments différents bien repérables jusque dans les termes qui y sont employés) révèle ainsi l’attente d’une reconstruction de l’histoire nationale et c’est probablement là-dessus que beaucoup d’opinions s’accordent. Dans un article de Delovoj vtornik du 12 avril 20029, l’auteur, qui se nomme Dmitri Chevarov, reproche aux manuels des grandes classes leur manque de “chaleur”, c’est-à-dire de patriotisme: “Il est rare qu’on rencontre dans un manuel fédéral des mots sans lesquels il semblerait pourtant impossible d’évoquer l’histoire de Russie avec des enfants: ” notre pays “, ” notre Terre natale ” (Rodina), ” la Patrie… ” (Otecestvo). Les derniers manuels d’histoire craignent jusqu’aux timides expressions d’enthousiasme, de honte, d’attendrissement, d’affliction ou de compassion. Ils évitent ce qui fait justement de l’auteur adulte et du petit lecteur, des personnalités, des contemporains.”

Il est donc probable que les manuels soient destinés à évoluer fortement dans les années à venir, que nous nous trouvons vraiment, sur ce plan, dans une phase de transition. Qu’en est-il aujourd’hui10? Un premier constat s’impose: bons ou mauvais, vrais ou faux, les manuels d’aujourd’hui ne sont plus soumis aux contraintes idéologiques (au mensonge soviétique unique) d’autrefois, mais obéissent à des impératifs communs et multiples, qui sont les attentes du public, la “correction politique”, les stratégies et les préférences éditoriales, les démarches propres des auteurs. A ces déterminations banales, il faut en ajouter une, en creux, qui nous paraît omniprésente et spécifique de la Russie: il s’agit d’un désir – et d’une difficulté évidente – de sortir du “mensonge déconcertant”.

On reconnaît ces efforts, bien sûr, dans un tableau de l’histoire soviétique qui laisse une large place au caractère minoritaire et violent de la révolution d’Octobre, aux horreurs de la guerre civile, à la dictature du parti unique, aux victimes de la répression, tableau à peu près commun à l’ensemble des manuels, bien qu’on puisse y observer des nuances importantes11. Mais lorsqu’il s’agit de nommer ces faits, d’en proposer une interprétation, les auteurs des manuels hésitent entre les diverses possibilités, au demeurant limitées, qui s’offrent à eux. Certains ont recours aux termes de “totalitaire” ou de “totalitarisme”, sans guère toutefois les rapporter à d’autres réalités que soviétiques, évitant des comparaisons trop dangereuses ou glissantes12. D’autres se contentent de descriptions factuelles sans tenter de les coiffer d’une terminologie ou d’analyses plus abstraites13. D’autres enfin s’en tiennent à un profil bas, minimisant dans une certaine mesure les aspects “totalitaires” de la dictature du parti, et préférant employer des termes-clichés hérités du vocabulaire communiste des dégels comme “culte de la personnalité” ou “système de commandement administratif”. Le meilleur exemple de cette dernière attitude, le plus proche aussi des vieux “mensonges” soviétiques est sans doute un manuel d’histoire destiné aux post-bacheliers, publié en 1997 et réédité en 199914. Les auteurs de la partie soviétique de l’ouvrage brillent par une grande prudence et par une volonté de garder un point de vue “équilibré”, ce qui les conduit par exemple à affirmer que le “développement politique” de l’U.R.S.S. fut particulièrement “contradictoire” au cours des années 1930, car “un processus d’extension et de fixation législative des réformes démocratiques était en cours” (il s’agit de la constitution de 1936!) en même temps que le “rôle répressif de l’État se renforça.”15 L’usage ou non de la notion de “totalitarisme” demeure donc en Russie, à l’instar de la soviétologie occidentale des années 1970 ou 80, un moyen d’affirmer un rejet du régime pensé dans son exception, ou au contraire son acceptation relative dans une logique de normalité.

Plus difficile est l’abandon des stéréotypes de pensée, des termes qui ont marqué, le plus souvent, la formation des auteurs de manuels qui les réutilisent en ignorant peut-être que ce ne sont pas des termes innocents. Passons sur les notions de “féodalisme”, de “capitalisme”, voire de “socialisme”, si répandus qu’ils en deviennent presque neutres. On rencontre parfois des clichés plus clairement marqués, tels que la “structure communautaire primitive” (pervobytno-obscinnyj stroj)16. Un manuel de 9e débute par la phrase suivante: “Les réformes des années 60-70 du XIXe siècle suscitèrent un développement impétueux des forces productives, l’affermissement du mode de production capitaliste”. Mais on y trouve sitôt après des termes moins traditionnels en Russie, tels que “rattrapage”, “modernisation”, “société industrielle”; pour finir, les événements de 1917 y sont qualifiés de “gouffre révolutionnaire”17.

On le voit, il s’agit plutôt de débris lexicaux d’un langage jadis tout-puissant et qui ont perdu toute leur force, car ils sont noyés dans d’autres vocabulaires. Faute de vie, ils ont cessé d’être virulents et les auteurs qui les emploient pèchent plutôt par faiblesse conceptuelle que par conviction idéologique. La nostalgie d’une conception globale expliquant l’histoire de bout en bout ne pousse plus guère les auteurs à revenir aux dogmes soviétiques. Si tentatives de ce type il y a, elles sont plutôt à chercher du côté de ce qu’on appelle aujourd’hui l’ “approche civilisationnelle” (une construction à la Toynbee ou plutôt à la Danilevskij, le fameux auteur de La Russie et l’Europe) ou encore la “culturologie”. La première, notamment, a suscité cette réflexion chez l’historien Kamenskij:

Les historiens, et avant tout les enseignants d’histoire, ont rapidement senti que l’approche systématique, chez nous traditionnelle, dans l’enseignement de l’histoire (…) exigeait nécessairement l’existence d’une théorie universelle, permettant d’expliquer tout le processus historique aussi facilement, et de façon accessible, qu’on pouvait le faire à l’aide du matérialisme historique. L’approche ‘civilisationnelle’ devint une sorte de bouée de sauvetage dans cette situation. Bien des historiens, dans leurs recherches comme dans leur enseignement, tentèrent de supplanter la notion de ‘formation socio-économique’ par celle de la ‘civilisation’

18. Mais, poursuit à juste titre cet auteur, ces nouveaux schémas s’avèrent beaucoup plus souples, moins infaillibles que les constructions “en béton armé” antérieures, et surtout elles supposent de toute façon un effort individuel de l’historien ou de l’enseignant, qui ne peut les utiliser comme des outils tout prêts19.

Et pourtant le schéma traditionnel, qui reposait sur l’idée d’un progrès continu de l’humanité depuis ses origines jusqu’au temps présent, reste productif lorsqu’il s’applique non plus aux stades socio-économiques, qui apparaissent ici et là faute de mieux, mais à l’histoire de l’État ou de la nation. Un terme tel que “progressiste” (moins fréquemment celui de “réactionnaire”, car il sert moins la problématique nationale) se porte encore très bien, sans parler du sempiternel “développement” (razvitie) pratiquement synonyme d’évolution et dont le caractère résolument téléologique n’a pour le moment jamais été mis en cause. Ils sont plus souvent appliqués, ces termes, à la Russie d’Ancien Régime qu’à la Russie soviétique, objet d’étude plus sulfureux. Lisons par exemple dans un manuel de 6e et 7e, intitulé de façon significative Histoire de la patrie, la réflexion suivante: “L’adoption du christianisme fut un phénomène progressiste (progressivnym javleniem) dans le jeune État russe.”20 Chacun des mots employés, hormis les deux premiers, relève directement de la “Novlangue” soviétique, et la phrase même aurait pu être écrite il y a plusieurs décennies, mais elle renvoie à la construction de la nation, non à la lutte des classes.

Le mensonge reste vivant lorsqu’il est nationaliste. Telle est sans doute la réalité, guère surprenante, qu’on découvre en lisant ces manuels: le nationalisme y a pris dans une certaine mesure la relève de l’idéologie communiste et inspire nombre d’entre eux. Commençons par les manuels des grandes classes, en gros de la 7e à la 11e. Ils peuvent être de qualité variable, mais répondent le plus souvent au principe “cicéronien” de l’écriture historique, fondé sur la vérité: malgré les scories dont nous avons donné quelques exemples, ils peuvent être accusés de toutes sortes de péchés, mais non de mensonges nationalistes construits et systématiques. Beaucoup brillent même par des innovations rafraîchissantes. Par exemple, un manuel de 7e, consacré au Moyen-Age russe, offre, à propos de la chute de la Rus’ au XIIIe siècle, quelques éléments d’information sur les Mongols, au lieu de les classer dans les ténèbres extérieures, celles de l’ “ennemi” (vrag) comme le font bien d’autres ouvrages21. De façon générale, la qualité informative des manuels des grandes classes est sans commune mesure avec ceux de la période soviétique. A l’autre bout de l’éventail, toutefois, nous trouvons un manuel de 8e et 9e dont l’auteur développe ouvertement des jugements et des constructions si agressivement nationalistes, voire xénophobes, qu’il eût probablement choqué un Ilovajski, auteur de manuels d’histoire au XIXe siècle réputés pour leur glorification de la monarchie russe. Contentons-nous de relever quelques passages de cet ouvrage qui se rapportent à l’expansion impériale russe, dont il présente le schéma explicatif suivant:

L’annexion de Kazan, de la Crimée, du Caucase du Nord, des régions baltes et occidentales22 était provoquée par la nécessité pour les gouvernants de la Russie de rendre sûres les frontières de l’État. Les incursions barbares et cruelles, les invasions de leurs voisins, que la Russie dut subir pendant des siècles, ruinaient le pays et faisaient obstacle à son développement paisible et progressif. Là réside une des causes du “retard de la Russie” qui a fait couler tant d’encre.

Et plus loin:

L’Ukraine et la Géorgie se rangèrent de leur plein gré sous le pouvoir du tsar. Les Ukrainiens étaient menacés d’une catholicisation totale (…), d’une polonisation sans pitié, ils risquaient d’être transformés en esclaves complets des ‘pany polonais’.

Encore plus loin, l’auteur présente un tableau idyllique de l’Empire russe, dans lequel les nations coexistaient selon lui harmonieusement, et va jusqu’à écrire que l’apprentissage du russe “n’était imposé à personne”. Quant à la Russie, il la décrit selon un principe hiérarchique assez bien respecté, comme “un phénomène unique, créé, renforcé par les travaux, les soucis, les efforts des tsars, des empereurs, des grands ducs (sic), des capitaines, de bien d’autres hommes d’État, par le sacrifice volontaire de millions et de millions de simples mortels (sic).” Elle repose, cette Russie, sur un “type historique russe” que l’auteur définit en se servant d’une citation de l’écrivain émigré Ivan Chmelev: “Est russe celui qui n’oublie jamais qu’il est russe. Qui connaît sa langue maternelle, la grande langue russe, donnée à un grand peuple. Qui connaît son Histoire, l’Histoire Russe, ses grandes pages. Qui vénère les héros de la patrie. Qui connaît la littérature russe, la grande littérature russe, glorifiée dans le monde. Qui se rappelle constamment qu’il existe pour la Russie, seulement pour la Russie! Qui croit en Dieu, qui est fidèle à l’Église Orthodoxe Russe: elle nous réunit à la Russie, à notre passé glorieux23.”

Ce manuel constitue cependant une exception. Du reste, il n’a pas reçu le label du ministère (nous ignorons toutefois s’il fut soumis à son approbation), et n’a été tiré qu’à 10 000 exemplaires24. Il méritait cependant d’être cité car il a reçu la caution scientifique d’Andreï Sakharov, directeur de l’Institut d’histoire de la Russie dont l’auteur est un chercheur25. Ce cas extrême ne doit pas laisser croire que des manuels moins “engagés” soient nécessairement exempts de ce genre d’outrances. Dans un manuel de 10e, par exemple, nous pouvons lire qu’à une exception près, les hetmans ukrainiens de la fin du XVIIe siècle rêvèrent tous de “trahir” la Russie et de “tomber dans les bras des magnats polonais dont le peuple ukrainien s’était libéré grâce aux sacrifices du peuple russe26.”

Mais le nationalisme le plus virulent, le plus mensonger, se concentre dans une seconde catégorie de manuels, ceux des petites classes. Il y atteint des sommets que l’on ne soupçonne généralement pas, car ils ne sont guère discutés sur les pages de la presse. Ces livres sont conçus généralement comme des introductions à l’histoire, destinées à en donner le goût aux enfants puisque dans ces classes, l’histoire n’est pas enseignée comme une matière spécifique, soumise à un programme. Consacrés à l’histoire nationale, ils en offrent une vision non seulement simplifiée, mais affreusement indigente. Elle est, surtout, héroïque, légendaire, souvent anachronique, dans laquelle réalités supposées, fictions et inventions, représentations édifiantes et idéales se mélangent allègrement. Un enfant de 3e classe, âgé par conséquent de huit ans, apprend ainsi dans une sorte d’album de coloriage qu’à une époque non désignée, mais qu’on peut rapporter à la Rus’ du XIIe ou du XIIIe siècle, “les temps étaient difficiles en Russie, des ennemis féroces l’attaquaient souvent, mais les puissants preux (bogatyri) défendaient la mère Russie”. Plus loin on apprend que ces ennemis (les Mongols!) étaient une armée de basurmane27.

Ces différentes représentations produisent une image synthétique, atemporelle de la Russie; costumes du XVIIe siècle se confondent avec ceux du Moyen Age, villes, occupations et vie morale n’ont ni âge ni appartenance sociale, et tout converge, ou plutôt communie dans une russité qui est un extrait particulièrement concentré des vogues néo-russes de la fin du XIXe siècle et de la littérature pseudo-folklorique racontée depuis cette époque à l’usage des enfants. Quant à l’histoire, il n’y en plus trace: à la différence des manuels des grandes classes, que la conformité aux programmes oblige à une démarche cognitive, ces petits livres se composent de flashes projetés sur le passé, qui ne peuvent servir à construire un récit, de sorte qu’ils échappent plus facilement au devoir de vérité qui distingue l’histoire de la fiction. Et c’est pourquoi des bribes d’histoire peuvent s’y mêler, en toute innocence, à la pure légende.

Ainsi la pseudo-fondation de Moscou, prétendument datée de 1147, procéda-t-elle, à en croire ces petits livres, d’un grand dessein politique. Youri Dolgoroukov songeait déjà qu’il faudrait y forger des “glaives et des charrues” pour renforcer la terre russe qui s’émiettait en petites principautés28. Son fils Andrej Bogoljubskij ne voulut pas rester à Kiev car il y avait là des “boyards trop forts”, qui empêcheraient son rêve: “réunir les terres russes”29, ce qui le conduisit à s’établir à Vladimir, moyen sans doute de se rapprocher de la future capitale. Ivan l’Escarcelle s’allia-t-il aux Tatares pour écraser Tver en 1237? Voilà un acte à première vue répréhensible, voire un péché qui peut surprendre de la part d’un prince patriote, mais on se hâte de l’expliquer, là aussi, par la haute pensée d’Ivan qui songeait à l’avenir du pays: “Tver’ souffrit. La Russie fut conservée30.” On voit ici comment le schéma stalino-hégelien d’une histoire entièrement finalisée, qui était demeuré purement abstrait dans les manuels soviétiques, devient ici personnifié. A la différence de la “nécessité historique”, qui ne mentait pas parce qu’elle ne racontait rien, ce supplément d’âme nationale s’obtient au prix d’absurdité et de mensonges inscrits dans un récit concret, et c’est pourquoi il s’agit ici d’un “vrai mensonge”.

Croissance naturelle de Moscou: “Moscou est une ville unique qui […] s’est développée peu à peu et pour ainsi dire naturellement.”31. Or la Russie a suivi le même chemin, précisément parce qu’elle fut constituée par Moscou, comme on tend à en accréditer l’idée par mimétisme. On insiste sur le caractère pacifique et insensible des annexions. Daniel de Moscou, le fils d’Alexandre Nevski, “ne chercha jamais à faire la guerre, et cependant sa principauté s’étendait d’année en année”32.

Cette représentation pacifique fondamentale est contredite en partie par l’image des guerres incessantes que la Russie moscovite fut contrainte de livrer à ses voisins pour se défendre de leurs agressions. Parmi ceux-ci, les Tatares, évidemment, tiennent une place de choix. Ils rêvaient “bien sûr” de conquérir “la Moscou orthodoxe aux têtes [c’est-à-dire aux coupoles] dorées33“. Le Tatare musulman (toujours basurmanin) est l’ennemi que le bogatyr‘ amène pieds et poings liés en cadeau au prince34. Puis viennent les autres ennemis: les chevaliers “européens” (sic) c’est-à-dire allemands et suédois, au XIIIe siècle35, les envahisseurs polonais (pol’skie zahvatciki), du reste “féodaux”, qui “avaient leurs vues sur la Russie” au Temps des Troubles36, Napoléon, enfin l’Allemagne nazie. Les conquêtes russes ne sont jamais mentionnées de façon explicite: tout au plus, Catherine II a-t-elle “élargi les frontières” de la Russie37 et a “reconquis” la Crimée, supposée du même coup avoir été russe dans un passé indéfini38. Quant aux suites de cette croissance, elles sont montrées de façon très laudative, selon la fameuse théorie du “moindre mal”, inventée dans l’U.R.S.S. stalinienne, à ceci près que désormais, les conquêtes et annexions sont ouvertement montrées comme un bien: l’incorporation de territoires et de populations non russes au sein de l’Empire leur profita et surtout, il n’y a jamais eu, osent prétendre certains auteurs, de russification ni de conversions forcées à l’orthodoxie39.

Le tableau que nous venons de dresser n’est guère réjouissant: si les élèves des grandes classes et les étudiants sont généralement traités, avec un bonheur inégal, comme des personnes dignes d’accéder à l’analyse, à la réflexion et au récit historiques, les plus jeunes n’ont droit qu’à un ersatz honteux qui les plonge dans un univers de faux-semblants sentimentaux, nourris de cette “chaleur” dont le journaliste déjà cité déplorait l’absence dans les manuels des grands. Cette chaleur, nous la connaissons bien: c’est celle de la passion nationale qui frise parfois l’idolâtrie et qui, affranchie qu’elle est désormais de toute tutelle idéologique hétérogène, se donne libre cours dans le cadre d’une histoire nationale, même si celle-ci demeure hésitante sur bien de ses moments, notamment lorsqu’il s’agit du moment soviétique.

Qu’on nous entende bien: il ne s’agit que d’une évolution partielle, ni systématique, ni imposée, dont nous ignorons même si elle est destinée à durer. Elle est sans doute facilitée par la double attitude décrite plus haut: celle qui, en admettant un “pluralisme” dans l’approche historique, supprime en fait le critère de vérité. Celle aussi, de façon corollaire, qui entend réunir ce “pluralisme” sous le chapiteau protecteur et conciliateur de la nation. Le travestissement ou le déni de la vérité ne s’opère plus aujourd’hui par référence à une vérité idéologiquement supérieure comme au temps de Staline ou de Brejnev, il s’affirme tranquillement, presque triomphalement, au nom d’une nation qui, produisant ses propres valeurs et ses propres critères, n’éprouve nul besoin de se fonder ailleurs qu’en elle-même.
Nous tenons à remercier chaleureusement nos collègues Konstantin Bolenko, Guennadi Bordiougov, Alexandre Tchoubarian et Alexandre Ouchakov pour l’aide précieuse qu’ils nous ont prodiguée en nous communiquant un certain nombre de publications et d’informations qui ont servi à l’écriture de cet article. Il va de soi que ni les opinions exprimées dans cet article, ni les erreurs éventuelles qui ont pu s’y glisser ne sauraient leur être imputées.

Parmi les études qui ont été consacrées à la réévaluation de l'histoire au cours de cette période, on peut citer notamment Soviet Historians and Perestroika. The first phase, ed. Donald Raleigh, New York, 1989; Maria Ferretti, La memoria mutilata, Ed. Corbaccio, Milan, 1993 et Facing up to the Past: Soviet historiography under Perestroika, ed. Takayuki Ito, Sapporo, 1989.

Plusieurs articles ont été consacrés aux manuels post-soviétiques, en Russie comme dans les pays occidentaux. Sans prétendre à l'exhaustivité et en laissant de côté une documentation abondante contenue dans de nombreux journaux, y compris pédagogiques tels que Prepodavatel', Prepodavanie istorii v skole, Ucebniki etc., nous pouvons citer les articles de Aleksandr Sevyrev et de Aleksandr Golubev (respectivement: "Istorija v skole: obraz otecestva v novyh ucebnikah" et "Novejsaja istorija Rossii v ucebnikah 1995 goda", dans Istoriceskie issledovanija v Rossii. Tendencii poslednih let, red. Gennadij Bordjugov, Moscou, AIRO-XX, 1996, p. 37-55 et 56-65; Novye koncepcii rossijskih ucebnikov po istorii. Materialy obsuzdenij na Mezdunarodnoj naucnoj konferencii. Nojabr' 1999 g., Bohum, FRG, red. Karl Ajmermaher [Karl Eimermacher], Gennadij Bordjugov, Aleksandr Usakov, Moscou, AIRO-XX, 2001; Istoriki citajut ucebniki istorii, op. cit.

Le manuel de L.N. Zarova et I.A. Misina, Istorija otecestva, Moscou, Prosvescenie, 1992 (10e classe), était encore très proche des modèles soviétiques antérieurs.

Voir à ce propos l'article de Vladimir Buharaev, "Cto takoe nas ucebnik istorii. Ideologija i nazidanie v jazyke i obraze ucebnyh tekstov", dans Istoriki citajut ucebniki istorii, op. cit., p. 40, n. 3.

Chiffre cité dans Ucebniki (supplément au journal Pervoe sentjabrja), 16 mai 2000, article de Tat'jana Puskareva, "Sovet Federacii o skol'nyh ucebnikah", p. 1.

En 2000, le Conseil de la Fédération de Russie était saisi d'un projet visant à limiter les manuels de toutes les disciplines à 2 au maximum, de manière à constituer "une collection (komplekt) unique pour la fédération", Ibidem.

Nous citons d'après l'annexe n° 1 de la décision du ministère de l'Éducation de la Fédération de Russie datée du 16 janvier 2002 (n°100).

Georgij Seleznev, Novejsaja istorija Rossii i Zapad, 1985-1997, Moscou, Mnemozina, 1998. On notera la gaucherie et la naïveté de ces formulations qui dénotent à l'évidence un embarras de l'auteur à aborder ces sujets.

"Ledjanoj dom russkoj istorii? Nynesnie skol'niki nikogda ne poljubjat istoriju svoej strany - sliskom uz kazenno, bez dusi napisany ucebniki"

Les remarques qui suivent, nécessairement partielles, ne concernent pas la totalité des manuels d'histoire russe disponibles sur le marché qui, jusqu'à présent, n'ont pas fait l'objet d'études approfondies; en revanche, nous nous sommes intéressé à un assez large éventail de cette production, même lorsqu'il s'agit de manuels destinés aux petites classes, où les programmes ne prévoient pas d'enseignement systématique de l'histoire

Parmi les manuels de l'enseignement secondaire de 9e et de 11e, nous avons pu consulter: Valerij Ostrovskij, Aleksej Utkin, Istorija Rossii. XX vek. Ucebnik dlja obsceobrazovatel'nyh ucebnyh zavedenij, Moscou, Drofa, 1995 (pour la 11e classe); Vladimir Dmitrenko, Vladimir Esakov, Vladimir Sestakov, Istorija Otecestva. XX vek, 2e édition, Moscou, Drofa, 1998 (11e); Oleg Soroko-Cjupa (red.), Mir v XX veke. Ucebnik dlja 11 klassa obsceobrazovatel'nyh ucrezdenij, 2e édition, Moscou, Prosvescnie, 1998; Aleksandr Danilov, Ljudmila Kosulina, Istorija Rossii. XX vek. Ucebnik dlja 9 klassa obsceobrazovatel'nyh ucrezdenij, 4e édition, Moscou, Prosvescenie, 1998; Pavel Zyrjanov, Istorija Rossii. Ucebnaja kniga dlja 9 klassa srednej skoly, Moscou, Prosvescenie, 1994-1996; Aleksandr Levandovskij, Jurij Scetinov, Rossija v XX veke. Ucebnoe posobie dlja 10-11 klassov,Moscou, Prosvescenie, 1998; Valerij Zuravlev, Jurij Aksjutin, Mihail Gorskov, Aleksandr Nenarokov, Istorija Rossii. Sovetskoe obscestvo, 1917-1991. Eksperimental'noe ucebnoe posobie dlja srednih skol, Moscou, 1997. Il faut y ajouter des manuels couvrant toutes les périodes de l'histoire russe et s'adressant pour la plupart soit aux étudiants, soit aux bacheliers se destinant à l'enseignement supérieur: Aleksandr Orlov, Vladimir Georgiev, Natal'ja Georgieva, Tat'jana Sivohina, Istorija Rossii s drevneisih vremen do nasih dnej. Ucebnoe posobie dlja postupajuscih v vuzy i studentov, Moscou, Prospekt, 1998; Ljudmila Semennikova, Rossija v mirovom soobscestve civilizacij. Ucebnoe posobie dlja vuzov, Moscou, Interpraks, 1994; Aleksandr Orlov, Vladimir Georgiev, Aleksandr Polunov, Jurij. Terescenko, Osnovy kursa istorii Rossii, Moscou, Prostor, 1999; Andrej Dvornicenko, Evgenij Il'in, Jurij Krivoseev, Jurij Tot, Russkaja istorija s drevnejsih vremen do nasih dnej, 3e édition, Saint-Pétersbourg, Lan', 1999; I.V. Volkova, Mihail Gorinov, A.A. Gorskij et al., Istorija Rossii s drevnejsih vremen do nasih dnej. Posobie dlja postupajuscih v vuzy, Moscou, Vyssaja skola, 1998; Mihail Gorinov, A.A. Gorskij, Aleksandr Danilov et al., Istorija Rossii. Ucebnoe posobie, 2 vol. Moscou, Vlados, 1998 (publié par l'institut Pédagogique de Moscou); et la publication en 3 volumes d'une histoire de la Russie dont nous ne citerons que le 3e: Aleksandr Bohanov, PavelZyrjanov, Vladimir Dmitrenko et al., Istorija Rossii. XX vek, Moscou, ACT, 1996.

Le manuel de Valerij Ostrovskij et d'Aleksej Utkin, op. cit., est un de ceux qui use le plus audacieusement de ces termes, au point qu'ils servent au titre d'un chapitre (p. 228: "Le régime totalitaire et la société totalitaire, 1934-1939") où les auteurs, sans nommer d'autres régimes "totalitaires" reprennent de façon lointaine les analyses de Hannah Arendt.

Par exemple, le manuel de Vladimir Dmitrenko, Vladimir Esakov et Vladimir Sestakov, op. cit.

Aleksandr Orlov, Vladimir Georgiev, Natal'ja Georgieva, Tat'jana Sivohina, op. cit., par exemple p. 564.

Ibid., p. 510.

Ibid., p. 17.

Aleksandr Danilov, Ljudmila Kosulina, op. cit., p. 5.

Alksandr Kamenskij, "Zametki ob istorii i istorikah", Neprikosnovennyj zapas, 2000, n° 3 (11), p. 6

Parmi les manuels construits sur ces principes, on peut citer: Igor' Ionov, Rossijskaja civilizacija, IX - nacalo XX veka, (pour les 10e et 11e classes), Moscou, Prosvescenie, 1998, Valerija Hacaturjan, Istorija mirovyh civilizacij s drevnejsih vremen do konca XX veka (pour les 10e et 11e classes), Moscou, Drofa, 1999 (nous remercions ces deux auteurs qui nous ont aimablement offert leurs ouvrages), etc.

Aleksandr Preobrazenskij, Boris Rybakov, Istorija otecestva, 3e édition, Moscou, Prosvescenie, 1998, p. 38.

Andrej Kacva, Leonid Jurganov, Istorija Rossii VIII - XV vv., MIROS,

L'auteur songe sans doute à la Pologne, puisque le cas de l'Ukraine est traité plus loin.

Aleksandr Bohanov, Istorija Rossii (XIX - nacalo XX veka), red. Andrej Saharov, Moscou, Russkoe slovo, 1998, p. 7-9.

À titre de comparaison, le manuel de Dmitrenko, Esakov et Sestakov a été tiré à 50 000 exemplaires, celui de Danilov et Kosulina à 100 000, celui d'Ostrovskij et Utkin, à 100 000, celui Soroko-Cjupa, à 150 000.

Cet auteur a également pris part, avec le même succès, particulièrement lorsqu'il s'en prend globalement à tous les révolutionnaires ou opposants qui ont selon lui causé la perte de la Russie, à la rédaction d'un manuel destiné aux étudiants d'histoire et publié sous l'égide de l'Institut d'histoire de la Russie de l'Académie des sciences à Moscou (Aleksandr Bohanov, Pavel Zyrjanov, Vladimir Dmitrenko et al., op. cit.). Ce thème, très "soljénitsynien", est bien illustré également dans le manuel de A.F. Kiselev et E.M. Scagina, Novejsaja istorija Otecestva. XX vek: ucebnik dlja studette vuzov, 2 vol., Moscou, Vlados, 1998 et dans d'autres.

Nikolaj Pavlenko, Leonid Ljascenko, Valentina Tvardovskaja, Rossija v konce XVII-XIX veke (pour la 10e), Moscou, Prosvescenie, 1997, p. 22.

Elena Saplina, Andrej Saplin, Vvedenie v istoriju. S bogatyrem v drevnjuju Rus', Moscou, Drofa, 1999 (la première édition parut en 1997), p. 12 et 14.

Ljudmila Klimanova, Vseslav Goreckij, Ljudmila Il'enko, , Moskovija, vol. 1, 2e édition, Moscou, Prosvescenie, 1999, p. 8-13. Ce manuel est destiné aux plus petites classes.

Galina Burlaeva, Moskva srednevekovaja, Moscou, Ucebnyj centr Perspektiva, 1997, p. 18.

A. Preobrazenskij, Boris Rybakov, op. cit., p. 86-87.

Ljudmila Klimanova, Vseslav Goreckij, Ljudmila Il'enko, op. cit., p. 141.

Ibid., p. 18.

O. Zunina, op. cit., p. 78

Elena Saplina, Andrej Saplin, Vvedenie v istoriju, op. cit., p. 58. Le Tatare en question, Dieu sait pourquoi qualifié de "sylvestre" (lesnoj) est probablement un écho du Solovej-razbojnik des chansons de geste sur Il'ja Muromec.

Dmitrij Danilov, Sergej Tyrin, op. cit., p. 36-37.

Ljudmila Klimanova, Vseslav Goreckij et Ljudmila Il'enko, op. cit., p.97 et Galina Burlaeva, op. cit., p. 117.

Dmitrij Danilov, Sergej Tyrin, op. cit., p. 32.

N. Vorozejkina, V. Soloviev, M. Studenkin, op. cit., p. 125-126.

A. Preobrazenskij et B. Rybakov, op. cit., p. 283.

Published 27 March 2003
Original in French

Contributed by Neprikosnovennij Zapas © Neprikosnovennij Zapas Eurozine

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