Les avatars de la mémoire en situation postcoloniale

Entre amnesie et hypermnesie

Même si les actes héroïques sont glorifiés dans l’histoire officielle, dans le vécu de l’acteur (le porteur d’armes), la trace de la mort reste pour toujours dans la mémoire (et même dans la conscience). Quelles que soient les circonstances, il y a la nécessité impérative de s’inscrire dans une logique transcendante qui permettrait de surmonter l’acte (l’idée de l’acte comme l’acte lui-même) et ses effets sur la conscience. C’est la reconnaissance qui est censée jouer ce rôle : “A ses valeureux enfants, la nation reconnaissante…”. Que se passe-t-il quand cette reconnaissance de la nation est oblitérée par l’oubli ? Que se passe-t-il quand la mémoire des luttes intestines et des purges en situation de guerre de libération s’efface ou quand un événement fortuit la ramène à la surface ? Juste mémoire ou juste oubli ?

Mémoire enkystée, mémoire pierre tombale

Avant toute chose, et comme pour sacrifier à un rituel devenu incontournable dans les rencontres ayant un rapport à la mémoire, une citation du grand maître Paul Ric¦ur. Dans une conférence faite en anglais le 8 mars 2003 à la Central European University de Budapest, le philosophe aborde la question du rapport entre histoire, mémoire et oubli en soulignant deux points qui me semblent essentiels quant à l’angle d’approche que j’ai choisi pour développer mon propos.

Dans la relation entre la mémoire, l’histoire et l’oubli, je retiendrai de la conférence de Paul Ric¦ur les deux passages suivants :

[…] Les questions en jeu concernent la mémoire, non plus comme simple matrice de l’histoire mais comme réappropriation du passé historique par une mémoire que l’histoire a instruite et bien souvent blessée […] Mais ce déplacement du point de vue n’implique pas que nous abandonnions la description phénoménologique de la mémoire en soi, quel que soit son rapport à l’histoire. Nous ne pourrions pas parler sérieusement de la réappropriation du passé historique effectuée par la mémoire si nous n’avions pas, au préalable, envisagé les énigmes qui obèrent le processus mémoriel en tant que tel1.

Nous voyons ici apparaître deux processus contradictoires. D’un côté la réappropriation du passé par le témoin ou l’acteur, de l’autre la réappropriation de ce même passé par l’historien. D’un côté un vécu, une existence : de l’autre, une écriture historiographique.

L’autre point qui me semble tout aussi important est celui de la mémoire en soi et de sa fonction dans la constitution de l’individu et dans la reproduction sociale en temps de crise.

Dans une tentative de poser la question de la mémoire et de l’oubli dans sa relation à l’histoire contemporaine de l’Algérie, il y a d’abord, selon nous, la question de l’héritage du trauma dû à la violence coloniale et à une guerre qui n’est pas si lointaine. Car, avant de poser la question du comment l’historien ou l’institution académique détermine et s’interroge sur l’objet-histoire, il faudrait s’intéresser préalablement à la façon dont la société elle-même, dans son ensemble, institue le rapport à sa propre histoire.

Ce qui nous semble important, en effet, c’est de savoir à quel point les névroses de guerre ont pu être verbalisées, mises en paroles ou tues par la société toute entière avant que l’université, ou la recherche, ou encore l’édition, n’en fasse son centre d’intérêt ou son objet. Car, d’une manière ou d’une autre, nous allons retrouver les mêmes ” parts mortes enkystées “2 ou les mêmes refoulements de part et d’autre du champ du savoir.

Il s’agit là, comme le dit Alice Cherki3, ” de catastrophes dans le réel, prises dans l’horreur et le blanc, de catastrophes qui, dans les années qui suivirent [la guerre d’Algérie], ont été laissées telles qu’elles, non élaborées et, plus particulièrement, entièrement silenciées, maintenues dans le suspens traumatique par impossibilité de verbalisation, d’accéder à une représentation “4.

Nous parlons ici, vous l’aurez compris, des traumatismes dus à la guerre en général, mais aussi des traumatismes dus à l’affrontement inter et intra-communautaires où des fragments de société, des segments familiaux, claniques ou villageois, des groupes politiques se sont affrontés en se donnant à la mort et en donnant la mort à leurs proches, pour la cause nationale, pour celle d’un parti, pour l’Algérie ou pour la France ou pour tout autre monstre sacré glorifié et vénéré. Une fois la guerre finie, les plaies se sont refermées, le temps faisant ; les segments communautaires se sont ressoudés, ou scindés définitivement, dans un silence assourdissant ou dans une gesticulation verbale répétant à l’envie, de façon compulsive, les haines et les terreurs d’antan. Il se trouve que des événements peuvent être enfouis et se dresser comme ” des pierres tombales immobiles, inaltérables “5, dans la mémoire ou dans le non dit des acteurs et des témoins, mais il se trouve aussi que l’on remplace la parole par le bavardage stéréotypé, le discours de propagande.

La reconnaissance entre réminiscence, reviviscence et malentendu

Dans l’histoire particulière de Slimane M., que je vais vous présenter tres brièvement, nous allons traiter de la force tragique de l’événement, d’une histoire pleine de l’étant d’une personne et de sa déconvenue. Car, à un moment crucial de la vie du narrateur, il y a eu comme un télescopage entre son attente (désir de reconnaissance), celle du héros revenu parmi les siens, et l’absence de reconnaissance (au sens littéral, physique du terme) de ceux-là mêmes qui, en premier, la lui devaient.

Comment s’est passé en Algérie, le jour de l’indépendance, cette rencontre entre l’idéal projeté d’une communauté reconstituée autour de ses héros, enfin revenus parmi les leurs, et la réalité d’une société enfin libérée de l’étranger mais qui se trouve aux prises avec ses nouveaux démons ?

Slimane M. est un militant recruté par le FLN dans les rangs de l’immigration algérienne en territoire français. Il est amené, par devoir politique et conscience nationaliste, à mettre en jeu sa vie et à donner la mort à ceux qu’on lui a désignés comme ” traîtres à la nation “. Il n’est pas le seul dans son cas, des milliers d’Algériens ont été, comme lui, à un moment ou à un autre, confrontés à cette situation où il faut donner sa vie ou l’enlever à d’autres. Ceci n’est pas une banalité, même si de tels actes sont glorifiés dans l’histoire officielle. Dans le vécu des porteurs d’armes, la trace de la mort reste pour toujours dans la mémoire (et même dans la conscience). Il y a par conséquent une nécessité impérative de s’inscrire dans une logique transcendante permettant de surmonter l’acte (l’idée de l’acte comme l’acte lui-même) et ses effets sur la conscience. C’est la reconnaissance qui est censée jouer ce rôle : “A ses valeureux enfants, la nation reconnaissante…”.

Or, à ce stade du travail de mémoire, ce que le “revenant” va découvrir, c’est que “le petit miracle de la reconnaissance” ne s’opère pas au sein même de sa communauté d’origine, de son pays natal (en arabe on dit el umma et el watan6). Pire encore, sa propre mère ne ” reconnait pas ” son enfant. Au village de Bou Makhlouf, on a le souvenir du petit Slimane mais on ne connaît pas Slimane, l’homme de 30 ans, le membre de “la Spéciale”7 qui a exécuté le sénateur Benhabylès pour libérer l’Algérie de l’occupant. Entre 1948, date du départ de Slimane l’adolescent, et 1962 date du retour de l’homme adulte, beaucoup d’eau a coulé dans les oueds de la Kabylie des Babors. La guerre de libération a autant labouré et remué les entrailles de cette terre aride qu’elle a transformé par l’épreuve les traits du “revenant”. Il a été formé à la dure école de l’émigration dans une terre lointaine et ingrate (étrangère) comme il a fait ses classes dans les rangs de l’organisation clandestine du FLN en France. C’est un militant aguerri et exigeant qui vient parmi les siens et qui attend au moins, faute de reconnaissance, que les gens du village (les survivants) poursuivent le combat en ordre groupé sous l’autorité souveraine du FLN victorieux.

Mais tout a changé dans le village, au moment même où l’attente de Slimane, son désir de reconnaissance par les siens, est à son comble. Ici, le paradoxe vient du fait ciblé par E. Macron dans l’énigme de la représentation du passé dans la mémoire. Il dit que “cette énigme vient du fait qu’on se souvient “sans les choses” et “avec le temps”8. Or, Slimane M. ne comprend pas que son village, sa communauté, a besoin de se souvenir “sans lui” et “avec le temps”. Il est venu aux siens alors qu’il n’aurait pas dû le faire ainsi, et à ce moment-ci. Le “petit miracle” de la reconnaissance n’a pas eu lieu car, pour qu’il puisse se faire, il fallait à la fois une anamnèse (travail de recherche ou volonté d’effectuer ce travail) et réminiscence (retrouvailles fortuites avec le passé). On ne s’est pas exclamé ” C’est bien lui ! Slimane, le héros, notre héros! “, ce moment où s’opère la “reviviscence des images”.

Le poids de l’oubli s’est abattu sur lui. Il ne lui est plus resté, après s’être évanoui et avoir été porté symboliquement, qu’à repartir vers de nouvelles déconvenues.

Le pacte dénégatif comme (faux) moyen de reproduction du lien social (de sauvetage de la communauté) ou la fonction sociale de l’oubli

Les temps ont passé, l’Algérie a accédé à son indépendance et la paix enfin s’est installée ; mais pas pour longtemps. Une société en train de se construire et qui peine à panser ses blessures. Les soubresauts d’un processus historique de construction d’un Etat et d’une nation font naître des conflits qui, soudain, prennent de l’ampleur et débouchent sur une quasi guerre-civile. Ainsi viennent se superposer aux strates profondes des violences non résorbées celles des nouveaux affrontements fratricides. Réminiscence et reviviscence s’entremêlent avant que l’oubli ne vienne à nouveau tenter d’effacer la trace indélébile de la violence faite aux innocents. Il faut pourtant pour les survivants panser les blessures et effacer à nouveau le souvenir de l’événement traumatique.

À travers la lecture de quelques cas cliniques, Souad Otman-Larbi9 se propose de reconstruire le cheminement et l’évolution de la violence subie, de rapporter une histoire racontée par des enfants, des mots, des comportements, des attitudes qui témoignent de l’intensité des évènements traumatiques qu’ils ont vécus ou dont ils ont été témoins. Cette approche nous permet de réfléchir à la manière dont les enfants perçoivent la réalité extérieure ; elle nous aide aussi à comprendre les mécanismes qu’ils ont déployés pour se prémunir contre les dangers externes, et par là les mécanismes de l’oubli.

Dans le même établissement hospitalier (l’hôpital Frantz Fanon de Blida) le Dr Nassima Metahri10 reçoit les mêmes victimes. Elle s’interroge sur cette violence dirigée contre l’intimité du corps et qui est cause d’une souffrance pour soi-même et pour les proches. Mais elle se rend compte aussi que cette souffrance reste enfouie au plus profond de chacun et qu’elle a du mal à se partager. Durant les différents entretiens, la soignante a pu noter le flou qui entourait le récit, l’impossibilité à mettre en paroles certains faits.

Venues consulter pour un symptôme, et en raconter le lien avec un événement, Amel et sa mère se sont rendu compte que ce qui parlait le plus, c’était ce qui ne se disait pas.

Elle a respecté ce silence car elle n’était pas sûre de l’opportunité d’une mise en paroles dirigée. Elle est restée pleine de questions. Une violence dirigée contre l’intimité du corps est cause d’une souffrance pour soi-même et pour les proches. Mais cette souffrance reste enfouie au plus profond de chacun et elle a du mal à se partager.

Comment fait-elle alors retour ? Comment permettre son expression en préservant les liens ? Comment accompagner les victimes de manière à leur permettre de dépasser l’agression et renouer avec l’estime de soi ? Avons-nous dépassé les traumatismes de la guerre coloniale ? Comment ont-ils été transmis à travers les générations ?

Reprenant D. W. Winnicott11, N. Metahri estime que pour pouvoir dialoguer avec soi-même, avec ses proches, des relais peuvent s’avérer utiles – des relais sociaux par exemple que nous pouvons comparer à des ” espaces transitionnels “.

C’est dans cette aire que l’insoutenable peut se dire, la douleur et ses corollaires – la honte, la culpabilité – s’atténuer, à la faveur d’une construction du dedans qui prend en compte la réalité, plutôt que ne soient mises en place des défenses pour le faux ou le semblant, susceptibles de vaciller à tout moment.

Cependant, la soignante reste consciente que la mise en mots n’est pas la panacée. Elle sait les limites du cadre thérapeutique. ” Il est illusoire de considérer que le trauma a pour corollaire le soin “, dit-elle.

Dans sa relation à la mémoire, le trauma soulève de nombreux points de réflexion. Le travail de mémoire est nécessaire pour la construction d’une histoire personnelle, mais l’occultation, le silence sur certains événements trop douloureux peut s’avérer indispensable à la survie. Pour R. Kaes, c’est à la collectivité d’enregistrer et de conserver tous les récits de manière à ce que l’individu puisse y puiser pour restituer sa propre expérience à partir des données collectives. La réhabilitation des sujets est une condition pour atténuer la honte et permettre le surgissement d’une parole propre.

Le récit, susceptible de régénérer la reviviscence d’une douleur, exige des conditions très particulières. D’abord le forçage est exclu, et parfois un temps de silence, ainsi qu’une restauration de l’image propre […] Entre la jeune Amel et sa mère, le pacte dénégatif accomplit une fonction refoulante transsubjective au service de la constitution de la mémoire. Sa formule jamais énoncée pourrait être : ne te souviens pas de ce qui pourrait mettre en péril notre lien qui est plus précieux que le rappel de ce qui est arrivé, car ce qui est arrivé pourrait nous mettre en péril dans notre lien. […] Le groupe intervient pour conserver la mémoire individuelle, pour la stimuler, mais aussi pour soutenir le refoulement et l’effacement, pour disposer des éléments de sa construction. C’est la fonction des récits mythiques, des légendes et des contes ; c’est aussi celle de l’historien, porte-parole de la mémoire de l’ensemble12.

Quand la mère d’Amina rapporte les informations concernant la fille enlevée qui ont circulé dans le village, elle indique bien combien tous ont été marqués. On peut deviner la détresse de tous les villageois et supposer que l’on assiste ici à un début de transformation d’un événement ou d’une histoire vraie en un récit légendaire.

L’oubli comme facteur pathogène

La transmission transgénérationnelle du trauma

Ce phénomène de résurgence du passé n’est pourtant pas nouveau ni inconnu en psychopathologie. Boutros Ghanem13 aborde dans son travail la question du transfert transgénérationnel du trauma. Relatant le cas d’un patient dont la mère avait survécu au massacre des Arméniens par les autorités turques-ottomanes mais qui avait porté en elle, bien enfouie dans l’oubli, la mémoire enkystée de l’événement traumatique, le psychanalyste essaye de comprendre les mécanismes de l’enfouissement et ses fonctions. Pour lui, les clivages momentanés qui apparaissent suite à toute perte d’objet sont fonctionnels et aident la personne endeuillée à supporter la perte de l’objet aimé. Ils entretiennent le déni de la réalité. Mais, dans les deuils pathologiques, ces clivages persistent, la perte est traumatisante et la blessure narcissique qu’elle occasionne est grande. Sans doute dit l’auteur, la première victime (la mère) a-t-elle inconsciemment transmis une partie de cette souffrance à son enfant. ” Ce qui se transmet, c’est l’isolation, la forteresse des contre-investissements narcissiques. Forteresse vide aurait dit Bettelheim, à ceci près que ces enfants ne sont pas eux-mêmes des forteresses vides mais qu’ils en portent une dans leur psyché “.

La trace de l’oubli dans la langue

Cette histoire de l’oubli n’est pas seulement muette ; elle est parfois ” parlante “, mais la parole porte elle-même les stigmates du trauma. Pour Karima Lazali, ” Les exemples cliniques sont des témoignages des effets d’effacement de l’altérité et des dégâts produits par la transmission de traces muettes et ” silenciées ” aux générations suivantes. Ces fragments psychiques non représentables viennent coloniser la langue jusqu’à la cadavériser en se logeant directement dans le Réel du corps mais hors possibilité de s’inscrire dans la signifiance du langage. La chaîne signifiante est trouée par des bribes de son et de présence informe qui trament le discours en cherchant à se faire reconnaître. Cependant, ces cris ne font pas appel, ils sont fixés dans une errance qui traduit l’immobilisme psychique “14.

Tout comme N. Metahri qui pense que l'” on peut deviner la détresse de tous les villageois et supposer que l’on assiste ici à un début de transformation d’un événement ou d’une histoire vraie, en un récit légendaire “, K. Lazali considère qu’en prêtant voix à ces silences on se fait traducteur de traces en créant leur passage du Réel du corps vers le corps de la langue. Par là, l’analyste (ou l’historien) opère en construisant de la frontière psychique (ou discursive), dans la mesure où celle-ci ouvre au passage et à la circulation. Désormais, les traces muettes sont autorisées à être hébergées dans le discours légendaire ou historiographique.

Mais le risque, pointé par Lazali, est de réduire l’histoire – et l’Histoire collective – à une version unique et fixe, inaltérable et hors temps. En effet, viennent s’entrechoquer ici plusieurs niveaux de narration. Celle de la victime du traumatisme pour laquelle ” le temps est dépourvu de coupure et de rythmicité et […] l’espace semble infini. L’ici et le là-bas se collapsent, passé, présent et futur se confondent en un temps infini. On peut penser que dans ces traumatismes, il n’y a pas eu de constitution de l’après-coup, à partir duquel l’histoire devient récit nouant les registres de l’Imaginaire, du Symbolique et du Réel “15. Celle de la communauté qui transforme l’événement en récit légendaire. Et celle de l’historien qui se réapproprie l’événement en prétendant lui redonner sa part de ” vérité “.

Histoire et politique de l’oubli

Supposons un instant que ces fonctions qui visent à remplir ces ” forteresses vides “, à nouer les registres de l’Imaginaire, du Symbolique et du Réel, soient remplies non pas par la société mais par l’Etat. Supposons que les récits mythiques, les légendes et les contes que produit la société soient remplacés une histoire officielle, par le pouvoir politique érigé en historien, porte-parole de la mémoire de l’ensemble. Le clivage relevé chez A. Cherki par K. Lazali, qui est de l’ordre d’une frontière construite telle un ” mur “, va être renforcé ; il va causer fermeture et repli, conduisant par là à la réduction du sujet en individu-foule, instrument des revendications identitaires politisées et objet des guerres sans nom. En cela, la psychanalyste rejoint l’historien critique qui considère que ce type de contribution à l’historicité des faits s’inscrit dans une logique visant à mettre en évidence les fonctions du pouvoir, celles de l’historien, celles du politique mais aussi du social dans les systèmes autoritaires. Le travail de M. Harbi ouvrait pourtant sur d’autres dimensions laissant à la nouvelle génération d’historiens le soin d’élargir le champ de l’investigation critique. En 2001, dans la présentation du No. 14/15 de la revue NAQD, il lançait un appel pressant aux lecteurs :

Une relecture des conditions qui ont présidé à l’édification de l’Algérie est urgente et incontournable. Tout dans l’évolution culturelle y invite : les manifestations pacifiques ou armées de la mouvance islamiste, les mouvements de protestation à caractère culturel et politique en Kabylie, la multiplication dans le pays de forces centrifuges. La cohésion du pays est en danger et la volonté d’uniformisation ne peut que le fragiliser d’avantage. Il n’est aucune histoire qui ne se nourrit pas de contradictions. Toutes les sociétés sont faites de diversités et sont travaillées par des problèmes régionaux et culturels. […] Regardons en face nos problèmes […] Attachons-nous à la seule question qui vaille, la renégociation du lien social pour mettre un terme aux luttes civiles qui déchirent les Algériens.

Nous voilà donc dans ce qu’Alice Cherki appelle un discours prétendant à la pluralité qui ” contribue à fournir des représentations, à ouvrir un champ possible de reconnaissance symbolique “16.

Mémoire, Histoire, Oubli, Paul Ricoeur, Esprit No. 3-4, Mars-Avril 2006, p. 21

Alice Cherki, Retards de mémoires, Revue de psychanalyse clinique, No. 16 Liens et altérités

Psychanalyste proche du psychiatre Frantz Fanon sur qui elle a publié un livre intitulé : Frantz Fanon, portrait. Ed. Le Seuil, Paris, 2000

Alice Cherki, Ni honte ni gloire, juin 2000, in Actualités du trauma, coll. Erès, Paris 2002. C'est nous qui soulignons

Id.

Cf. Lemnouer Merouche, Conjonctures intellectuelles et notions de groupe, in Histoire et politique, Naqd No. 14-15, Alger, automne-hiver 2001

Organisation spéciale de la Fédération de France du FLN chargée de mener les actions à caractère militaire sur le territoire français.

E. Macron, op.cit.

S. Othman-Larbi, Quand le récite des enfants reconstruit l'histoire, in L'expérience traumatique, Naqd No. 18 Automne-Hiver 2003, p.31-38

N. Metahri, Que pourrais-je répondre à Amira, in L'expérience traumatique, Naqd No. 18 Automne-Hiver 2003, p.39-50

Donald W. Winnicott, est l'une des célébrités incontestables de la psychanalyse de l'enfant. Né à Plymouth, au Royaume Uni, en 1897.

N. Metahri, op.cit

B. Ghanem, Deuil et traumatisme. Réflexion autour de l'histoire et du fonctionnement d'un embaumeur, in L'expérience traumatique, Naqd No. 18 Automne-Hiver 2003, p.51-64

Notes de lecture du livre d'Alice Cherki, " La frontière invisible ", Editions Elema, 2006.

K. Lazali, De l'étrangeté entre le sujet et le politique, Revue Evolution psychiatrique, septembre 2008, VOL 73-No. 3, Edition Elsevier.

A. Cherki, Op. cit.

Published 29 April 2009
Original in French
First published by Naqd

© Daho Djerbal / Naqd / Eurozine

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