Une école écolo: La nature au cœur du projet pédagogique

Dans le quartier neuf de Liko, à Kiev, une école primaire met la nature au cœur de son projet pédagogique. Les 300 élèves d’entre 5 et 11 ans apprennent à prendre soin de leur environnement, à appréhender le changement climatique, à préserver la planète. Reportage.

Report from an eco-school in Kyiv: Putting nature at the heart of the pedagogical project” Stéphanie Chemla reports from a primary school that puts nature, and experimentation, at the heart of its pedagogical project. The school’s 300 pupils learn how to take care of their environment, understand climate change and help preserve the planet.

Une musique entrainante résonne dans l’ensemble de l’école. Il est 14 heures. Les élèves de CM1 sont réunis pour le cours de science en anglais. Aujourd’hui ils explorent les différentes facettes de l’atome et de la molécule. ” Grâce à un jeu qu’ils ont créé, ils peuvent maintenant observer la matière dans ses trois états : liquide, solide ou gazeux ” précise la maitresse Oleksandra Levischencko. A l’école Liko, l’expérimentation et la nature sont au cœur du projet pédagogique. Les 300 élèves d’entre 5 et 11 ans, apprennent en faisant, que l’on parle de science, de mathématique ou encore de français.

Dans cette classe, les enfants préparent des exposés sur des sujets qu’ils choisissent et les présentent à leurs camarades. Pour parler de l’eau Dima a dessiné les bons réflexes à avoir chez soi : limiter les écoulements d’eau, bien fermer le robinet, privilégier les douches aux bains et le lave-vaisselle à la vaisselle à la main. Quant à Igor il a choisi de parler de l’effet de serre lors d’une présentation très construite et détaillée composée d’images scientifiques et de photographies de la nature.

” Nous travaillons sur ce programme depuis trois ans. La situation écologique est grave, nous devons changer notre manière de voir la nature, cela passe naturellement par les plus petits : les enfants de maternelle et de primaire ” explique la directrice de cette institution privée, Olena Kukharevska. C’est pourquoi, l’ensemble des professeurs, en majorité jeunes, de cette institution s’appliquent à faire le lien entre leur matière et l’environnement dans lequel les enfants vivent.

Photo: Mélanie Challe

Les locaux comptent un coin dédié entièrement aux plantes. A tour de rôle les enfants se chargent de l’arrosage, la taille, la coupe, des missions qu’ils affectionnent particulièrement. Parfois un peu trop. Les volontaires se bousculent. La maitresse leur a même confié la garde de certaines espèces à la maison. ” Les parents m’appellent pour me demander comment s’en occuper. Je leur réponds que les plus jeunes savent. C’est une manière de les responsabiliser. ” Pour les sensibiliser à l’importance de la gestion des déchets, les initier au recyclage, Oleksandra Levischencko se sert de l’imprimante 3D. Les élèves transforment ainsi des objets en plastique et leur donnent une seconde vie.

Tout au long de la journée l’environnement est présent. Même pendant les deux heures hebdomadaires consacrées au français. Avec les plus jeunes, Alexandre Berezhnyi, a choisi le chant, une manière de mêler conscience écologique, apprentissage de la langue et jeu. Les élèves entonnent, en français, un air évoquant la planète, la pollution, les déchets et la réduction de la consommation d’énergie. Lorsqu’ils quittent la salle de classe, un détail leur rappelle l’importance de veiller à la consommation d’électricité : l’extinction automatique des lumières grâce à un système de détecteur de mouvements.

Photo: Mélanie Challe

L’électricité statique, les changements de saison, la pollution de l’eau, l’extinction des espèces endémiques, la biodiversité, l’effet de serre… La plupart des sujets liés à l’environnement sont abordés. Au-delà de l’enseignement des savoirs Oleksandra Levischencko encourage l’initiative individuelle, l’expérimentation, l’autonomie. Elle propose aux élèves de mener l’enquête, de faire des recherches sur le web, dans des livres, de se servir de photographies pour construire leur projet. ” Le plus important n’est pas de transmettre des savoirs académiques mais de motiver les enfants, de les aider à créer, de leur montrer qu’en faisant des petites choses on peut changer le monde. ” Dans cette démarche la maitresse occupe le rôle de facilitatrice, d’intermédiaire. Elle les invite à utiliser tous types de matériaux (feuilles des arbres, plastique, bois, papier) pour les projets d’art plastique, une manière de se connecter à leur sens et à leur créativité. ” Parfois les enfants arrivent avec des projets irréalisables avec notre niveau de développement technologique actuel. Mais dans 10 ou 20 ans ils le seront peut-être… ” explique l’institutrice.

Quant aux sorties scolaires, elles font pleinement partie du programme pédagogique. Une à deux fois par semaine les classes se rendent au parc ou aux abords d’un lac. La nature devient le sujet d’étude, à travers des jeux et des activités diverses : collecte de déchets, ramassage de feuilles pour des projets divers et variés ou encore observation des phénomènes naturels. ” Tous les ans nous organisons des voyages en plein air, des campus d’été, des promenades à la montagne. Lors d’un séjour aux Carpates, nous avons ainsi observé les effets dévastateurs de la déforestation ” se souvient la directrice. Ces actions collectives visent avant tout une prise de conscience et l’apprentissage de gestes respectueux et durables vis à vis de l’environnement.

Photo: Mélanie Challe

Liko School travaille en étroit partenariat avec l’ONG Sweet Osvit (traduire par ” Monde de l’éducation “), qui coordonne le programme international SPARE 1 en Ukraine. Cette ONG fondée en aout 2015, compte 25 écoles, instituteurs et professeurs partenaires dans tout le pays. Elle crée des manuels comme ” While playing change the world ” (Changeons le monde tout en jouant), forme les professeurs, le personnel administratif et les étudiants à la protection de l’environnement, à l’utilisation rationnelle des ressources naturelles et de l’énergie, à l’utilité des énergies renouvelables. ” Nous choisissons les écoles en fonction de différents critères : leur connaissance de l’environnement, notre capacité à leur apporter de l’aide, l’âge des professeurs, la localisation. Nous voulons travailler avec toutes les régions d’Ukraine, avec des professeurs jeunes ou plus âgés ” résume Olga Lavrik, la présidente de l’association. Leur première mission consiste donc à informer mais aussi à promouvoir une éducation plus interactive et ludique. ” L’éducation est encore très soviétique en Ukraine. Nous échangeons avec les instituteurs sur la manière d’enseigner, leur donnons des idées sur ce qu’ils peuvent intégrer dans leur programme et les activités à réaliser dans le domaine de l’environnement “.

Cette activiste écologique considère l’éducation comme un clé pour bâtir une nouvelle génération soucieuse de l’environnement, concernée par le changement climatique, plus tolérante envers les autres et la nature. ” Nous faisons partie de la nature. C’est le message principal que nous voulons transmettre aux plus jeunes. En en prenant soin, nous ne participons pas à la protection de la nature mais à la préservation de notre propre espèce “.

School Project for Application of Resources of Energy

Published 26 December 2016
Original in French
First published by J'ouvre les guillemets Blog, 21 December 2016

Contributed by Stéphanie Chemla and Mélanie Chall © Stéphanie Chemla, Mélanie Challe / Mediapart / Eurozine

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