Jean Magnard

(1932-1990) travelled to Budapest as a young man in 1956 with suitcases of medication to treat Hungarians injured in the fighting.

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Jean Magnard est né le 15 décembre 1932 à Annonay de souche ardéchoise. Après des études secondaires au Maroc du fait de la guerre, il rêve d’une carrière au Quai d’Orsay, fait l’apprentissage des langues (anglais, allemand, espagnol), puis suit le cursus de l’École des langues orientales, dont il sort diplômé en russe, polonais et hongrois, justement en 1956. Disposant, à ce titre, de visas pour séjourner dans les pays de l’Europe de l’Est, il participe en 1956 au Festival de la jeunesse en Pologne. À son retour de Pologne, il apprend les événements survenus à Budapest et décide de rallier la capitale hongroise, où il a déjà séjourné, pour y porter deux valises de médicaments destinés aux blessés de l’insurrection. Laissons ensuite parler le document. Ce texte fut écrit, au sortir de la tourmente, pour la revue Esprit à la demande de Jean-Marie Domenach. Celui-ci l’accueillit avec enthousiasme, mais il voulait l’assortir d’un commentaire qui l’aurait situé dans un débat journalistique particulièrement sensible, compte tenu de la mauvaise conscience de l’Occident, resté sourd aux appels des insurgés. Très endolori par ce qu’il avait vécu, éc¦uré des fausses prudences d’une société frileuse, mon frère, en dépit de la sollicitude de Jean-Marie Domenach, retira son texte et n’en voulut plus parler.

Ayant dû, après son équipée hongroise, renoncer à faire carrière dans les Affaires étrangères, mon frère s’occupa quelques années de la gestion de la firme familiale, puis se mit au service de diverses multinationales, dont il devint directeur commercial pour les pays de l’Est d’abord, qui ne lui refusèrent jamais les visas nécessaires, puis pour l’Algérie et surtout l’Éthiopie et Cuba, signant d’importants contrats pour le compte de l’Espagne avec le négus rouge et le leader maximo. C’est au retour d’un voyage à Cuba qu’il devait mourir subitement en 1990 à Barcelone. Toute sa vie avait été animée d’une unique passion, l’amitié entre les peuples : il jouait les passe murailles entre les familles spirituelles, les pontonniers entre les mondes, convaincu des vertus du dialogue plus fort que les barrières idéologiques, de l’amour plus puissant que la peur. C’est de cet idéal que témoignait déjà son engagement à Budapest.

Découvert dix ans après sa mort dans la maison de famille, ce manuscrit m’a semblé mériter d’être publié. J’ai choisi, pour le faire, le cinquantième anniversaire de ces événements, le réservant à la revue à laquelle il avait été initialement destiné. Merci à l’équipe d’Esprit de l’avoir compris.
Pierre Magnard

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