Revista Critica de Ciencias SociaisEurozineRevista Critica de Ciencias Sociais2012-12-20
Resumés Revista Critica 95 (2011)José Reis
État et marché : une perspective institutionnaliste et relationnelle
Les rapports État/marché pêchent par l'absence d'une vision holiste des relations entre les dynamiques matérielles et relationnelles de la société, d'une part et, d'autre part, entre celles-ci et les dynamiques institutionnelles. L'État étant l'institution-des-institutions, il comprend des mécanismes essentiels à la propre existence de marchés, qui ne sont pas des données "naturelles". Dès lors, concevoir l'État, le marché et la société comme des entités opposées est erroné. La perspective institutionnaliste qui, ancrée chez Polanyi, propose une approche politique de l'État et du marché est, elle, juste. Les économies sont, de fait, des systèmes institutionnels de production où, d'ailleurs, l'épaisseur matérielle de l'État en tant qu'organisation et administration revêt une haute importante. Il en découle que la perspective institutionnaliste doit être épurée, pour bien montrer que l'État n'est pas qu'une entité politico-juridique. Ceci est l'un des objectifs principaux de ce texte. Jorge Bateira
Le rapport État-marchés dans la perspective de l'Institutionnalisme Originel
L'article résume quelques-uns des arguments qui remettent radicalement en cause la théorie économique néoclassique du rapport entre l'État et les marchés, et par suite identifie les fragilités méthodologiques de cette école de pensée. En alternative, il est présenté une interprétation de la méthodologie fondatrice de l'Institutionnalisme Originel, le courant d'économie politique initié par Thorstein Veblen. Ce texte propose une vision de l'économie et des marchés comme des institutions émergentes, en connexion avec une métaphysique des systèmes sociaux qui les voit comme des processus complexes, auto-organisés et interactifs. Le rapport entre l'État et les marchés est vu à la lumière de cette interactivité institutionnelle. Mettant en avant la coévolution entre État et marchés, le texte attribue une place centrale à la politique industrielle dans les processus de développement économique.Vítor Neves
Coûts sociaux : où s'arrête le marché ?
Les marchés constituent un puissant mécanisme de coordination économique. Néanmoins, on ne peut ni ne doit ignorer ses limitations. Les coûts aux origines les plus diverses, découlant de l'activité des entreprises dans le cadre du capitalisme et externalisés, c'est à dire, transférés vers d'autres agents ou vers la société comme un tout sans répercussion sur le mécanisme des prix, sont un exemple particulièrement impressif de ces limitations. Dans cet article, nous mettons en exergue les différentes conceptions portant sur les coûts sociaux qui existent dans la littérature économique, qui vont de l'identification du problème comme étant une "défaillance du marché" à la conception plus hétérodoxe (et aussi moins connue) e K. William Kapp qui estime que les coûts sociaux sont un problème intrinsèque et inévitable dans le contexte institutionnel du capitalisme. Dans un premier temps, nous nous penchons sur la nature du problème. Ensuite, nous présentons, bien que fort sommairement, deux lignes fondamentales de fracture entre l'approche conventionnelle dominante et l'approche hétérodoxe de Kapp: le concept d'efficience adopté et la façon dont est perçue la question de l'évaluation des coûts sociaux.Ricardo Sequeiros Coelho
Mise en cause de la mesure du carbone: certaines émissions sont plus égales que d'autres
Le commerce d'émissions est normalement présenté dans la littérature économique comme un instrument de régulation qui permet d'atteindre un objectif environnemental en minimisant les coûts. Cependant, en ouvrant la "boîte noire" du processus de construction d'un marché d'émissions, il est donné de constater combien elle présuppose un ensemble de processus sociaux qui auront une influence sur sa performance en des termes que n'avaient pas prévu ses défenseurs.Partant de la littérature critique des marchés de carbone, cet article présente une révision des critiques de mesure des émissions, en les encadrant dans une taxonomie d'arguments reposant sur des idées de rigueur scientifique, de justice, de durabilité ou de démocratie. Ces arguments démontrent comment les processus de mesure inhérents aux marchés du carbone excluent du processus de décision des informations revêtant une haute importance, tout autant qu'ils escamotent des acteurs et des institutions engagés. La conclusion présente un débat sur le potentiel de réforme de ces marchés. Vasco Almeida
État, marché et tiers secteur: la redéfinition des règles du jeu
Cet article a pour point de départ la révision critique de la théorie des biens collectifs et de la théorie de la défaillance du contrat afin de démontrer que le tiers secteur ne doit pas être perçu comme un reliquat du marché et de l'État, mais plutôt comme une forme de coordination de l'activité socioéconomique. En prenant comme scénario empirique l'évolution du tiers secteur au Portugal, nous cherchons à démontrer que son rôle croissant dans la gouvernance s'est traduit par une augmentation de la diversité et de la complexité des processus socioéconomiques, que l'analyse soit faite au niveau microsocial ou qu'elle se déplace au niveau macro-social. En vertu de son importance croissante dans la gouvernance socioéconomique, le tiers secteur a engendré une redéfinition des règles du jeu et une transformation de la logique même de fonctionnement du marché, de l'État et de la communauté.Renato Miguel do Carmo
Jusqu'où vont les marchés ? Contours d'une sociologie de la périphérie
Cet article a pour but d'établir une réflexion critique sur un ensemble de dynamiques récentes que nous avons étudiées dans des espaces tenus pour périphériques et à prédominance rurale. Habituellement désignés comme territoires de faible densité, ces zones souffrent de graves problèmes démographiques (dépeuplement, vieillissement, etc.) et socioéconomiques (manque d'emploi, initiative privée et publique réduite, démantèlement des fonctions traditionnelles, etc.), qui contribuent ensemble à une marginalisation accélérée vis-à-vis des processus de modernisation qui se développent dans les grandes villes. Néanmoins, bien qu'il s'agisse de territoires en décélération, il est donné d'y observer, en même temps, d'autres densités moins tangibles qui reflètent un certain dynamisme social de la part de ceux qui y résident, telle qu'en apporte la preuve la capacité croissante de mobilité spatiale. En partant d'une analyse relationnelle entre les zones rurales et les villes, nous nous proposons de développer un point de vue sociologique articulant trois dimensions fondamentales: les inégalités sociales, les dynamiques territoriales et les logiques d'accès aux marchés et/ou leur exclusion.António Casimiro Ferreira
La société d'austérité : pouvoir, peur et droit du travail d'exception
Dans cet article, nous identifions quelques-unes des conséquences socio-juridiques associées à la mise en place des mesures d'austérité, en portant une attention toute particulière aux changements introduits dans la sphère du travail. Partant d'un débat général à propos de la notion de société de l'austérité, l'auteur développe une analyse critique se centrant sur les questions de la peur sociale et du pouvoir. Dans le cadre de sa perspective d'analyse, il suggère que le concept de droit du travail d'exception illustre les résultats non démocratiques découlant de l'application des mesures d'austérité.João Arriscado Nunes
Les marchés sont-ils bons pour la santé? Le cas de l'accès aux soins
L'actuel contexte de crise qui affecte, tout particulièrement, les pays de l'Union Européenne, a élargi l'espace favorable à la promotion des politiques de santé d'inspiration néolibérale qui postulent la subordination de ce secteur à la logique du marché, à la privatisation de la gestion et de la prestation de services de santé, ainsi que le principe d'utilisateur-payeur, associé à une logique assistancielle pour ceux qui ne sont pas en mesure de payer ces services. C'est ainsi que se trouverait supposément garantie une plus grande efficience du système de santé, tout autant que sa comptabilisation avec l'impératif de la discipline budgétaire. La justification de ce qui est présenté comme étant une réforme nécessaire à la propre survie des systèmes publics de santé, reposant sur la solidarité et sur la redistribution, garantissant l'accès égal à tous les citoyens aux soins de santé, est associée à la réduction des options politiques qui se trouvent à la base des modèles de prestation de soins de santé, à une question technique, tout autant qu'au fait que soient ignorés les effets observés, dans des études comparatives de différents modèles de prestation de soins relatifs à la santé des populations.