Esprit
2008-07-09
Résumés Esprit 7/2008
Joseph Maïla
A time for ageing
Liban : derrière le compromis de Doha, une entente nationale fragilisée.
Un nouveau président est élu au Liban, les institutions politiques fonctionnent, les armes se sont tues. Pourtant, l'accord de Doha ne représente nullement un nouvel accord d'entente nationale. Il neutralise les tensions mais entérine le cavalier seul du Hezbollah et sa volonté de contrôler le pouvoir libanais, au besoin par la force.
Pierre Bouvier
Aimé Césaire, la négritude et l'ouverture poétique.
Poète génial attaché à son île, la Martinique, Aimé Césaire fut aussi engagé, quand il était étudiant à Paris dans les années 1930, dans les mouvements de critique du colonialisme, auprès d'étudiants venus d'Afrique. Ainsi, le passage par Paris (où règne le surréalisme) et la découverte du monde africain vont marquer sa poésie. Mais l'idée de la négritude est également issue de cette rencontre multiple.
Maurice Mourier
La France malade de ses guerres.
Les représentations des guerres du dernier siècle, particulièrement de la guerre d'Algérie, restent rares dans la littérature française. Pourtant, cette emprise du non-dit, cette difficulté à surmonter les défaites historiques peuvent constituer en elles-mêmes des sujets de mise en intrigue. Encore faut-il pour cela faire confiance aux ressources de l'écriture.
Alain Ricard
La mouche de Mwanza, cauchemar du documentariste sur le lac pourri.
Remarqué lors de sa sortie en 2004, Le cauchemar de Darwin, d'Hubert Sauper, dénonce l'exploitation des ressources naturelles africaines par les pays du Nord. Convoqué comme " expert " devant un tribunal pour savoir si l'on peut qualifier ce film de " documentaire ", l'auteur s'interroge sur les frontières du genre, entraîné ici par le poète et coscénariste Nick Flynn vers l'allégorie plutôt que vers le reportage.
Jean-Marie Bouissou
Pourquoi le manga est-il devenu un produit culturel global ?
On subit le plus souvent le déferlement de la production japonaise -- bandes dessinées, dessins animés en série, jeux vidéo -- comme un effet de la puissance économique japonaise et de la déculturation censée accompagner la mondialisation. Pourtant, ce succès s'explique aussi par l'intérêt qu'on peut trouver à cette production qui accompagne, mieux que la bande dessinée francophone de qualité, les évolutions d'un monde post-industriel et global.
Michaël Foesse
l
Être reconnu, droit ou fantasme
Valoriser la notion de reconnaissance, n'est-ce pas céder à ce mouvement très contemporain de revendication généralisée de l'individualisme ? Tout le monde en effet désire être reconnu. L'intérêt de la notion n'apparaît d'abord que négativement: à partir de l'indignation devant une injustice. Mais comment entendre ce sentiment d'injustice et le convertir en processus politique ?
Fabien Lamouche
Paul Ricoeur et les " clairières " de la reconnaissance.
Bien que Ricoeur envisage avec réticence le projet d'une " politique de la reconnaissance ", qui risque d'armer une lutte insatiable des subjectivités, il défend la possibilité de parvenir à des trêves et même des moments heureux, qu'il désigne par la métaphore des " clairières ", dans la reconnaissance mutuelle.
La philosophie de la reconnaissance: une critique sociale. Entretien avec Axel Honneth
Le philosophe allemand précise ici la manière dont son travail s'inscrit dans la continuité de l'École de Francfort dont il est issu et dans un dialogue avec le travail de Jürgen Habermas. Il explique aussi pourquoi une théorie de la justice, comme celle de John Rawls, lui semble insuffisante pour élaborer une analyse critique de nos sociétés.
Axel Honneth
Réification, connaissance, reconnaissance : quelques malentendus.
Dans la Réification, Axel Honneth s'interroge sur l'usage qui peut encore être fait de ce concept tiré de Marx. Il s'agit moins pour lui de relayer les critiques de la " marchandisation " que de comprendre comment des attitudes routinières changent notre rapport aux autres.
Danny Trom
La crise de la critique sociale, vue de Paris et de Francfort.
La théorie critique de l'École de Francfort influence depuis longtemps la sociologie française et celle-ci, symétriquement, n'est pas ignorée de Habermas et Honneth. Pourtant, cette influence réciproque cache de nombreux malentendus, proprement franco-allemands, sur ce que doit être une critique de la société et sur les implications politiques de cette posture critique.
Guillaume le Blanc
L'épreuve sociale de la reconnaissance.
La diffusion du thème de la reconnaissance à une multitude de domaines relève moins d'une demande insatiable de considération ou de respect que d'un désir d'être partie prenante de la vie sociale. Ceci suppose, avant même toute tentative de prendre la parole, une possibilité d'accéder à une visibilité sur la scène sociale, dont la privation constitue aujourd'hui une forme particulièrement forte d'exclusion.
François Dubet
Injustice et reconnaissance.
Que revendique-t-on, dans le monde du travail, quand on demande une " plus grande reconnaissance " ? Derrière une multitude d'attentes, trois valeurs servent à se justifier : l'égalité, le mérite et l'autonomie. Or, ces trois principes entrent souvent en contradiction dans les situations pratiques. Comment arbitrer ? C'est à une théorie de la justice (et non de la reconnaissance) qu'il revient de faire le partage entre des revendications à la fois légitimes et contradictoires.