Revista Crítica de Ciências Sociais
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Revista Crítica de Ciências Sociais
2004-07-13
Résumés, Revista Crítica 68/2004
MARGARIDA CALAFATE RIBEIRO:
L'Afrique au féminin: les femmes
portugaises et la Guerre Coloniale
Dans cet article, je chercherai à tracer les lignes générales qui, dans le discours critique historique, politique, sociologique et littéraire, ont mené à considérer la guerre comme un phénomène non exclusivement masculin. Dans la situation portugaise, je chercherai à interpréter le "rôle d'appui" qui a toujours été réservé aux femmes, d'un point de vue public et privé; je tenterai d'analyser d'une manière plus détaillée la situation, peut-être inédite, des femmes portugaises qui, pendant la période de la Guerre Coloniale, ont accompagné leur mari en mission militaire en Afrique.
MARIA MANUELA CRUZEIRO:
Les femmes et la Guerre Coloniale:
un silence trop bruyant
Cet article tente de dénoncer les diverses strates du silence grâce auxquelles la société portugaise a fui à la rencontre inévitable de la plus grande tragédie de sa contemporanéité: la Guerre Coloniale. La stratégie d'occultation, qui oscille fréquemment entre le refoulement et la dénégation, affecte soit ses intervenants directs (les militaires mobilisés), soit les rapports entre les institutions du pouvoir "politique" et l'autre, soit surtout les victimes les plus ignorées de la Guerre Coloniale: les femmes. Eloignées naturellement de la machine de guerre, mais profondément impliquées dans ses effets dévastateurs, leur silence rend doublement absurde et incompréhensible ce moment traumatique de notre histoire récente.
HELENA NEVES:
L'amour en temps de guerre:
la Guerre Coloniale, la (in)communicabilité (im)possible
La période de la guerre coloniale (1961-1974) a produit au Portugal des alterations d'ordre démographique, économique, sociale et culturelle. Mais si ce qui est mesurable est palpable et plus ou moins visible aujourd'hui, il y a une dimension qui reste à être élucidée: le vécu de l'intersubjectivité, des affects et des relations amoureuses en temps de guerre. Cet article présente un inventaire empirique de cette problématique qu'il est urgent d'analyser.
MARIA MANUEL LISBOA:
"Jusqu'à la fin du monde": amour, rancoeur et guerre chez Hélia Correia
La pièce de théâtre d'Hélia Correia, La rancoeur : exercice sur Helena, sert ici de fond pour une analyse textuelle de l'appréhension classique et moderne du rôle de la femme dans le contexte de la guerre. Les femmes, dans la version contemporaine d'Hélia Correia, reproduisent et relèvent certains indices disséminés par la tragédie et l'épopée grecques, notamment la problématique de la sexualité féminine et de la passion en tant que position opposée à celle de l'instinct belliqueux masculin, qu'elles abolissent parfois. La lecture présentée ici met en relief les divers aspects de la juxtaposition des sexes dans le contexte de la guerre, et surtout la dynamique des rapports entre mère et fille en tant qu'agents d'une féminité solidaire dans sa confrontation à l'impératif belliqueux masculin. On examinera de même la relation mère-fille inscrite dans le dilemme oedipien filial de l'option entre le père guerrier et la mère activement aimée, ainsi que la question de la maternité/paternité et du sacrifice, qu'acceptent volontairement ou refusent les fils et les filles, aux intérêts de la guerre. Pour finir, on abordera le problème de la representation passionnelle de l'ennemi en tant qu'objet de désir et de figuration de l'idéal du bien-aimé.
ROBERTO VECCHI:
Incoincidences d'auteurs: fragments d'un discours entre autres amoureux dans la littérature de la Guerre Coloniale
Si la guerre est par excellence le territoire de l'androcentrique, l'expérience traumatique de la guerre et sa représentation par le regard féminin se grefferont à une marge périphérique, dans une orée de dislocation de l'expérience traumatique elle-même. De ce point de vue, le féminin devient par excellence un "regard témoin", étant la possibilité survivante, résiduelle, de l'impossibilité du témoin intégral devant le fait traumatique. Cette dislocation révèle la non coincidence entre expérience et image, propre au témoin, dans laquelle logos et mémoire féminins deviennent porteurs blessants d'un autre logos, d'une contre-mémoire. Les romans de Wanda Ramos et de Lídia Jorge sont replacés, de même, dans la problématique tragique de l'aporie de témoignage, montrant comment une réflexion critique sur le tragique moderne peut fournir un point de vue plus compréhensif d'une littérature problématique - par son corps à corps avec l'histoire - comme celle de la Guerre Coloniale.
ANA DE MEDEIROS:
Récrire l'Histoire: La Côte des Murmures de Lídia Jorge et L'Amour,
la fantasia d'Assia Djebar
A l'intérieur du thème général de l'incompatibilité entre la vie privée et la vie publique, j'ai décidé de porter mon attention sur une série d'éléments communs aux deux textes objets de mon analyse et qui expliquent en partie leur qualité subversive, dans un sens politique et historique: l'idée des représentations dominantes chez la femme comme de fausses représentations, celle aussi de restaurer le passé de l'auto-représentation féminine et la reconnaissance de la nécessité de représenter les différences entre les femmes. Le travail de Lynn Hunt sur la Révolution Française servira ici du cadre théorique pour le début de mon analyse.
LAURA CAVALCANTE PADILHA:
Deux regards et une guerre
A partir de la lecture des ¦uvres poétiques Sang nègre (2001) et Le terrain sacré de la terre est nôtre (1978), respectivement de Noémia Sousa et Alda Espírito Santo, on cherche à surprendre deux regards africains sur la guerre, dans la perspective ethnique et en même temps du point de vue du genre. En outre, on examinera le double geste de la nomination du conflit, le changement, dans l'univers discursif, du système des références imposé par le colonialisme, et, par conséquent, la mise en scène de l'intériorité de nouveaux sujets historiques féminins.